• chère moi,

     

    Comme j'aimerai que ma lettre soit porteuse de bonnes nouvelles,mais hélas ce n'est pas le cas.

    Tu n'auras pas l'enfance que tu désires. Je sais c'est brutal comme nouvelle mais autant de te dire la vérité. Un simple coup de fil changera ta vie à jamais et te marqueras longtemps. Un coup de fil de ta mère.... Tu passeras quelques weekend chez tes grands-parents paternels puis, un jour ce fameux coup de fil annonçant qu'elle ne viendra pas te récupérer. Pourquoi ? Je ne sais pas...et je ne le sais toujours pas aujourd'hui. Tu resteras chez tes grands-parents et tu ne comprendras pas pourquoi ils te retiennent, car pour toi, ils te retiennent cela ne peut être que cela. Après une longue procédure dont tu n'auras pas conscience on t'annoncera que ta nouvelle maison sera ici et que tu ne reverras pas ta mère. Tu te rebelleras, réaction normale pour une enfant de 3 ans. A cet âge, on a tous besoin de sa mère... Tu seras donc élevée par tes grands-parents. Pourquoi pas ton père ? Tout simplement parce ses horaires de travail de l'époque ne lui permettront pas de pouvoir t'élever correctement (sans compter les difficultés qu'il aura lui aussi à surmonter mais cela je te l'expliquerai peut-être une autre fois), alors avec le juge pour enfants, ils se mettront d'accord, sans te demander ton avis. 

    Tu en feras voir de toutes les couleurs à tes grands-parents. Petit démon tu seras et des fessées (raclées) tu recevras.

    Très peu d'amis également tu auras car tu te renfermeras. C'est vrai, qui voudrait comme copine/amie une fille de la campagne qui ne vit pas comme les autres, qui n'a pas de parents ? Malgré tout, tu avanceras, souvent tête baissée, mais tu avanceras. Peu à peu, tu te forgeras un caractère de guerrière même si tu n'en auras pas conscience tout de suite. Tu encaisseras tout et tu enfermeras tout quelque part dans ton être. Tu oublieras aussi certains événements douloureux mais comme la vie est malicieuse ils reviendront te hanter au moment où tu t'y attendras le moins, sous forme de souvenirs flous ou de rêves...

    Tu seras trimbalée tes premières années de ta vie chez différents membres de ta famille, une année ici, une année là...et finalement tu reviendras chez tes grands-parents pour une longue durée.

    Peu à peu, tu auras de l'affection pour eux, ils deviendront par substitution, tes "parents", après tout c'est le rôle qu'ils joueront. Je te rassure, eux aussi peu à peu auront de l'affection pour toi et plus que tu ne pourras l'imaginer, malgré tout ce que tu pourras leur faire voir, tu seras comme leur fille.

     

    Malgré toutes ces années difficiles, tu sauras garder la tête haute, tu arriveras à te relever lorsque tu tomberas, tu te forgeras ce caractère de guerrière, calme en apparence mais une vraie tempête à l'intérieur et attention à celui ou celle qui la recevra !

     

    Tu feras des choix qui ne plairont pas à tout le monde, d'ailleurs tu auras horreur de faire comme tout le monde. En fait tu seras partagée entre le fait de faire comme tout le monde pour te faire accepter et de ne pas faire comme tout le monde pour te démarquer des autres. Une vraie lutte avec toi-même, une lutte constante, longue et parfois douloureuse.

     

    Un jour tu trouveras l'amour, oui l'amour et tu connaîtras le bonheur d'être maman. Tu auras des incertitudes, des périodes de doutes mais je te rassure tout de suite, malgré toutes les épreuves qui t'attendent, je suis fière de ce que tu deviendras ! Une super maman d'après tes enfants, une femme courageuse d'après tes futurs beaux-parents, la femme parfaite, celle qui ne le lâchera pas quand il n'ira pas bien pour ton mari, une très bonne AESH d’après tes collègues, une amie, un soutien pour ta meilleure amie et j'en passe.

     

    Je suis fière de ce que tu deviendras, malgré toutes ces souffrances, ces épreuves, tu sauras garder la tête haute, tu auras le courage d'envoyer balader les personnes nuisibles, la tête de mule que tu deviendras te permettra de surmonter toutes les épreuves qui s'offriront à toi et un jour lorsque tu regarderas en arrière pour faire le bilan de ta vie, tu sera fière à ton tour.


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  • voici un texte personnel (texte écrit pour un projet au collège de ma fille)  :

     

    JOURNAL D'UNE CONSCIENCE

     

    Mardi 10 mars 2015

     

    Cela fait quelques temps que je l'observe, sans qu'elle s'en aperçoive. C'est là le meilleur moment, car quand elle sait qu'elle est observée, elle se compose un masque. Elle n'aime pas montrer ses faiblesses, ses cassures, alors quand elle se croit seule, je l'observe attentivement. Parfois un voile triste s'abat sur ses yeux, furtivement, mais elle se reprend vite et affiche de nouveau ce visage souriant. Souriante, elle l'est toujours, même lorsque cela ne va pas. Elle est comme cela. Toujours souriante et toujours gentille, mais sans jamais se forcer, car c'est sa nature.

     

    Mercredi 11 mars 2015

     

    13 ans. Cela fait 13 ans qu'elle ne s'occupe plus ou peu d'elle. Mais des autres oui ! Il faut aussi dire que tout n'a pas été facile ces dernières années : problèmes d'argent, perte de travail, dépression de son mari, souci de santé et j'en passe. Une vraie spirale d'événements. Elle s'est retrouvée « seule » pour gérer, sans beaucoup de soutien de la part de la famille et des amis. Ils ne comprenaient pas.... « Une dépression ?? Du cinéma, ça se guérit vite » qu'ils disaient. « Ce n'est pas possible d'être dans cet état si longtemps ! » lui répétaient-ils. « Mais ils ne peuvent pas vous laisser comme cela sans argent voyons ! » « vous ne savez pas gérer votre budget ! » lui a-t-on répondu également. Se retrouver seule pour élever 2 enfants en bas-âge, gérer les soucis du quotidien, la maladie, cela devient vite pesant. Je ne sais pas comment elle a fait pour tenir toutes ces années, mais le fait est qu'elle a tenu, qu'elle s'est battue contre tous et qu'elle a réussi. Plusieurs de ses « ami(e)s lui avaient conseillé de laisser tomber, de quitter son mari. Il la faisait souffrir donc à quoi bon rester ? Et puis les enfants n'avaient pas besoin de vivre avec un père fantôme, complètement replié sur lui-même et devenu alcoolique qui plus est ! Et puis lorsqu'on est déclarée mère célibataire, avec deux enfants, cela rapporte ! Mais elle a tenu le coup. « Si je dois me séparer de mon mari, cela se fera mais quand il aura retrouvé ses esprits et qu'on en aura discuté sérieusement tous les deux. En attendant je reste, je ne prendrais pas de décision sur un coup de tête et encore moins pendant qu'il est dans cet état ! » leur répondait-elle à chaque fois. Elle a perdu beaucoup d'ami(e)s, mais cela importait peu pour elle.

     

    Jeudi 12 mars 2015

     

    Je vois bien qu'aujourd'hui elle a un petit coup de blues. Elle ne dit rien, pensant que personne ne le verrait. Elle est comme cela, garde tout à l'intérieur d'elle. C'est une habitude qu'elle a gardé du temps où son mari était en dépression. Je me rappelle le jour où elle a dut lui annoncer la mort de son meilleur ami. Elle avait été le chercher à la sortie du travail. Je vois encore son expression lorsqu'elle lui a dit : « Lulu est mort, je suis désolée ». De la surprise puis la compassion puis enfin la décomposition de son visage lorsqu'il a comprit qu'elle ne parlait pas de son père à elle mais son meilleur ami, à lui.

     

    La veille, il devait passer les voir et comme il ne venait pas, son mari avait appelé, juste pour voir. Tout allait bien, il s'était juste endormi mais il arrivait. Finalement il n'est jamais venu. Il s'est rendormi mais ce coup-ci pour toujours. Rupture d'anévrisme pendant le sommeil. Son mari s'en est toujours voulu. Souvent il répétait « si j'avais été le chercher, j'aurais peut-être pu faire quelque chose ! L'emmener aux urgences ! Il serait peut-être encore là ! ».

    Mais en réalité, qu'aurait-il fait de plus ?

     

    Jeudi 21 mai 2015

     

    Son anniversaire approche. Elle n'aime pas le fêter. En fait, elle n'aime pas préparer son anniversaire, prévoir le repas, lancer les invitations etc... A chaque fois c'est la même chose, elle prévoit quelque chose puis finalement rien ne se passe comme cela aurait dut être, il y a toujours une personne qui décide de prendre les choses en main sans lui demander son avis. Si elle pouvait, elle ne le fêterait pas son anniversaire.

     

    Samedi 23 mai 2015

     

    Elle a craqué ! Oui c'est rare venant d'elle mais à force d'encaisser... Elle s'en est pris à son beau-frère.... Faut avouer aussi qu'il le cherchait bien depuis quelques temps. Elle lui a dit ses quatre vérités, tout ce qu'elle ressentait, son ras le bol de ramasser ses beau-parents, ses enfants, son mari à la petite cuillère à cause de ses conneries, son ras le bol de tout gérer et de gérer tout le monde. Bref elle s'est lâchée. Chose étonnante, son beau-frère lui a présenté des excuses dans la journée. Comme quoi tout peut arrivé.

     

    Lundi 25 mai 2015

     

    Parfois je me demande si elle repense au passé. Agirait-elle différemment si elle le pouvait ?. Continuerait elle ses études au lieu d'arrêter ? Sacrifierait elle autant qu'elle l'a fait jusqu'à maintenant ? La connaissant, je parie que non, elle comme ça. « Le passé est derrière, y revenir ne changera rien ! » Voilà ce qu'elle dirait. « Apprend de tes erreurs pour ne pas les refaire plus tard mais surtout ne regrette rien, assume tes échecs comme tes succès ! ». Un credo qu'elle a mis du temps à accepter.

     

    Samedi 6 juin 2015

     

    Depuis quelques temps, j'essaie de lui faire prendre une décision. Pourtant des décisions elle a l'habitude d'en prendre mais lorsqu’il s'agit d'elle il n'y a plus personne. J'essaie de la convaincre de reprendre le sport, de s'occuper un peu plus d'elle. En théorie elle est d'accord mais dans la pratique elle trouve toujours des prétextes, des excuses pour ne pas y arriver. Il faut qu'elle se motive, cela lui ferait du bien... En temps normal, elle est assez douée pour motiver, conseiller, encourager les autres mais allez savoir pourquoi, elle n'y arrive pas avec elle-même. On dit que les cordonniers sont les plus mal chaussés.... Elle, elle est AESH, une accompagnante d'élèves en situation de handicap.

     

     

    Lundi 8 juin 2015

     

    Sa décision est prise ! Enfin ! Avec sa meilleure amie, elle va faire la course de La Bottine 2016, version marche, pour commencer. Un défi qu'elle a lancé, comme cela sur un coup de tête. Le parcours est de 5 km à travers la ville. Elle s'est fixée un objectif : effecteur le parcours en 45mn maximum. Je me rappelle avant elle marchait beaucoup. Pour son premier poste d'AESH, elle prenait le bus jusqu'au port de Plagny puis terminait à pied le chemin, soit environs 2 km. Tous les matins et tous les midi et par tous les temps. Cela en fait du chemin à la fin de l'année....

     

     

    Lorsque je regarde en arrière, je m'aperçois du chemin qu'elle a parcouru.... Oubliée la petite lycéenne timide, effacée il y a 20 ans en arrière. Aujourd'hui elle est plus forte. Une vraie « warrior » comme dirait une de ses collègues de travail....


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  • Oui je sais il y a déjà un ancien article qui me présente mais je le trouve trop abstrait, trop vague...

    Donc voilà je me présente :

    Hécate, Raven, Mystic Sunrise sont mes  pseudos. Pourquoi ces pseudos ? Hécate est une déesse à plusieurs facettes, comme moi et Raven et en fait le nom d'un groupe de mercenaires tiré de livres de James Barclay, les chroniques des Raven, les légendes des Raven (voir articles ) quant à Mystic Sunrise, c'est le nom d'un de mes perso dans le jeu Guild Wars II 

     

    Je suis une AESH : Accompagnante d'Enfants en Situation de Handicap (les ex-AVS), j'ai signé mon CDI (au bout de 9 ans de contrat...) en septembre dernier et chaque année je me ballade d'écoles en écoles.

     

    J'adore la musique métal, l'héroic-fantaisy, la lecture, le cinéma, les jeux vidéos (en ce moment je suis sur Guilds war 2) et l'humour.

    En couple depuis 21 ans, mariée depuis 10 ans et maman de 2 enfants de 18 ans (d'ici quelques jours) et 14 ans.

     

    Voila, vous en savez un peu plus sur moi


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  • Maman, 

    C'est un mot que je n'ai jamais pu te dire car je ne te connais pas. Tu m'a laissée, abandonnée devrais-je dire, chez mes grands parents. Pourquoi ? Cela je ne le sais pas et jusqu'à aujourd’hui je n'ai pas cherché à le savoir. En fait je ne sais même pas si j'ai vraiment envie de le savoir.

    Après tout, qu'as tu fais toi pour essayer de me connaître, me contacter, en savoir plus sur ma vie ? Que sais-tu de tout ce que j'ai pu vivre, traverser ? Mes joies, mes malheurs, mes amours, mes déceptions, mes bonnes résolutions que je n'ai jamais tenues ? Rien...

    Tu n'as jamais été là quand j'en ai eu besoin, je n'ai même pas une photo de toi, j'ai juste un prénom et ton nom de jeune fille...

     

    Aujourd'hui je commence à être en paix avoir moi-même. Peu à peu je retrouve une zenitude.

    Je me suis mariée, j'ai deux magnifiques enfants, tes petits enfants dont tu ne connais pas l'existence. Je ne sais même pas où tu habites alors comment aurais-je pu faire (si je l'avais voulu) pour te prévenir que tu étais grand-mère ? 

    Non tu ne connais rien de ma vie, pourtant moi j'en connais un tout petit bout, je sais par exemple que tu as refait ta vie et que tu as eu d'autres enfants, des jumelles et un garçon. bizarrement une des jumelles porte un prénom qui ressemble au mien, en fait cela pourrait-être un diminutif de mon prénom...  Est-ce par remord que tu lui a donné ce prénom ? Je ne le sais pas et je ne le saurai certainement jamais.

    Depuis quelques temps une question tourne en boucle dans ma tête. Ne le prend pas mal et ne crois pas que je suis sans cœur, mais comprend bien que vu que je ne te connais pas, je ne sais pas comment sera ma réaction. Je me pose cette question idiote : que ferais-je le jour où j'apprendrais ta mort ? Si toutefois un jour je l'apprend. C'est vrai, à part tes sœurs, que je ne vois pas, une grand mère maternelle absente et mon père, qui sait que j'existe ?? Donc comment réagirais-je le jour où on m'annoncera ta mort ? Serais je capable d'aller à tes funérailles ? Serais-je triste ? Et si j'y vais, aurais-je vraiment à ma place ? J'imagine bien les gens présents se demander qui je suis, pourquoi je suis là, pourquoi ne pas être venue te voir plus tôt, de ton vivant ?

    Je ne sais pas. Jusqu'à maintenant je ne suis jamais posé ce genre de questions. Lorsqu'on me demandait qui tu étais, je répondais :"je ne sais pas, je ne l'ai jamais connue" et cela s’arrêtait la. 

     

    J'ai réussi à faire ma vie malgré ton absence et le manque d'amour maternelle. J'ai réussi à donner de l'amour à mes enfants, à mon mari, à avancer dans ma vie et finalement après avoir bien réfléchi, j'ai décidé que je n'aurai aucun regret sur ma vie passée, que j'assumerai tous mes choix, les bons comme les mauvais et que finalement cela ne vaut pas la peine que je me prenne la tête à savoir comment je réagirais dans telle ou telle situation. Après tout, j'ai réussi ma vie sans toi alors pourquoi ne la continuerai-je pas sans toi ?

    Adieu "maman"

    Ta fille fantôme


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